Nouvelle n°1: Possession

Publié le par fye



Cela faisait des mois qu'elles ne s'étaient pas vu, des mois qui lui avait parut durer des années. Elle lui avait manquée, affreusement, et d'ici qu'elle instant elle pourrait enfin la revoir, sa chére Aymerie.
  Elle en tremblait d'excitation. Elles s'étaient données rendez vous au père Lachaise, entre la tombe de la Fontaine et Moliére, on ne pouvait rêver mieux comme lieu de retrouvailles. Là assise sur ce banc de pierre dur et froid, par ce glacial mois de février, elle l'attendait, impatiemment.
Elle apparut enfin, toujours aussi belle, ses long cheveux noirs bercés par cette brise glacial, haletante.

_ « huhh huhh Désolais je suis », elle reprend son souffle, « en retard. »
_ « comme à ton habitude! tu n'as pas changé... » répondit t-elle, un grand sourire sur les lèvres. Elle lui caressa affectueusement la tête, les cheveux de SA Aymerie été toujours aussi doux, fin comme des fils de soie. Hahh, Ce qu'il était bon de la retrouver. Cette interminable attente était maintenant derrière elle.

Elles passèrent de longue heures à parler, elle voulait tout savoir de SA tendre Aymerie, rattraper le temps perdue, retrouver leur complicité d'antan, effacer ces insupportable mois de séparation...

Seulement ces mois n'avait paru interminable que pour elle, sa délicieuse amie, ELLE, avait fait de nombreuses rencontres, qu'elle avait même trouvé forte enrichissante, c'était fait de nouveaux amis avec lesquels d'ailleurs elle allait partir en vacance d'ici quelques jours, abandonnant celle qui l'avait attendu si longtemps, pour aller à Kyoto.

_  « Vous allez à Kyoto ??? » demanda t-elle d'une voix qui trahissait sa surprise.
_  « oui, on part à la fin de la semaine, et je reviendrais à la fin du mois » dit t-elle, ses petits yeux gris pétillait déjà à l'évocation de se voyage. Elle avait vraiment l'air enchantée de partir, réduisant en cendre l'espoir que son amie avait de passer leur vacances ensemble.

Cette dernière lui répondit par un sourire, forcé, et ajouta d'une voie, un peu trop aigu; « mais c'est génial! » Elle boulait de l'intérieure, ces vacance elles auraient dut les passer ENSEMBLE, elle avait attendu sa pendant si longtemps, et ELLE, elle l'abandonnait pour aller, avec des pseudo-amis, à KYOTO.

Elle se sentait envahit par un mélange de colère et de tristesse. Durant ces quelques semaines de séparation sa douce et tendre Aymerie avait bien changé, ILS l'avaient changé.
Mais elle ne laissa rien paraître, elle continua de sourire et faire semblant de se réjouir pour son amie.

Elles se quittèrent finalement quelques heures plus tard, après une après midi qui lui avait paru trop courte. SA chére Aymerie avait pourtant l'air pressé de la quitter: _ « il faut que je me dépêche de rentrer pour faire mes bagages, on se reverra aux prochaines vacances » avait t-elle dit avant de s'enfuir précipitamment en courant, ne lui laissant même pas le temps de répondre.
Mais... les prochaines vacances, ce n'est que dans deux mois. Hahh, encore deux longs mois d'attente pour pouvoir la revoir. Une larme perla au coin de son oeil, elle se sentait vidée, elle aussi, péniblement, prit le chemin de chez elle. Elle ne s'était pas attendu à ce que sa douce amie ait autant changé....

Là, allongée sur son lit, à fixer son plafond, elle se remémorait, douloureusement, ces amères retrouvailles .
Quand elle repensait à la distance qui s'était creusé, durant ces cruels mois de séparation, son coeur se serrait. Elle repensa au contact doux et soyeux de ses cheveux, à la fraîcheur de sa peau... La douleur qui l'assaillait en devint insupportable: en cet instant elle aurait tellement aimer l'avoir prés d'elle...
Elle se lova sur elle même, comme un chat prêt à s'endormir. Recroquevillée ainsi, dans cette familière position foetal, elle sanglotait. Hahh ce qu'elle détestait pleurer, elle se sentait si misérable, comment avait t-elle put se tromper à se point, elle, qui pourtant avait toujours fait attention à ne pas tomber dans ce piège, à ne pas trop s'attacher . Elle se sentait maintenant si faible, si méprisable.

        ( "so low, solo, sorrow" un superbe tableau de Malor, http://malor.over-blog.com/ )

Ces sanglots redoublèrent, de même que sa haine envers elle-même. Elle enfonça ses ongles dans la chaire molle et tendre de ses bras, et les laissa glisser tout du long, traçant des sillons qui ne tardèrent pas à suinter du sang. Que cette douleur était douce, elle avait mal, terriblement mal, mais d'une souffrance qu'elle s'était elle-même infligée, elle ne s'était pas juste faiblement laissée atteindre par les autres. Par cette douleur qu'elle s'imposait elle reprenait le contrôle d'elle-même. La souffrance physique était devenu telle qu'elle avait prit le pas sur la douleur qui terrassait son coeur, momentanément libérer de ses étouffants sentiments elle se sentait plus forte. Les larmes continuait à couler le long de ses joues, mais elle ne cherchait plus à les arrêter. A travers cette humide rideau, elle observait ces longs sillons qui ornaient désormais ses maigres bras, elle aimait voir ce liquide, magnifiquement rouge, flamboyant, couler le long de ses pitoyables bras, ce spectacle l'apaisait. Elle porta sa langue à son coude recueillant ainsi cette liqueur, avec délice. Elle se délectait de ce goût métallique, du goût de la mort.

Mais la douleur physique avait finit par s'atténuer, et elle se sentit, à son grand désarroi, de nouveau envahit par cette souffrance contre laquelle elle ne savait comment lutter. Une fois encore elle perdait misérablement le contrôle d'elle-même prise d'un sentiment qu'elle ne pouvait supporter. Elle ne pouvait s'empêcher de pensée à elle. Elle se surprit même à chuchoter son nom « Aymerie ». Dans le lourd silence de cette chambre il sonnait comme une complainte. Les chuchotements se transformèrent en hurlements, déchirants . Les sanglots en flots incontrôlables de larmes.

_ « AHHHHHHHHHHH AHHHHHHHHHH AHHHHHHHHH »

Elle se laissa tomber de son lit, s'effondrant à terre dans un grand fracas, Hahh ce qu'elle était pitoyable, elle se mit à frapper le sol de ses poings, fort, si fort, à s'en briser les os. Prise dans cette tornade de violence, elle ne pouvait plus s'arrêter, elle retourna ses poings contre elle, ils tambourinaient désormais ce coeur, déjà brisé. Elle continua ainsi quelques minutes, jusqu'à complète épuisement, jusqu'à ce qu'elle n'eut plus la force de bouger.

Là, vautrer par terre, dans ses larmes et son sang, immobile, elle ressassait encore et toujours ces pensées qu'elle avait tant cherché à fuir. Devenu trop faible pour lutter, trop fatiguée , elle se laissait désespérément envahir par de terribles désirs. Les pensées qu'elle avait enfoui au plus profond d'elle-même ressurgissaient. Maintenant que toutes les barrières qu'elle avait durement élevé, durant toutes ces années, s'étaient effondrées, elle avait perdu tout contrôle, elle était lâchement devenu l'esclave de ses sauvages pulsions, elle ne pouvait plus que se soumettre à ces terribles désirs qui la possédaient depuis de trop nombreuses années.


Hahh, elle avait une telle envie de la faire sienne, même si cela devait la détruire. Elle aurait tant voulu l'enfermer, non s'enfermer juste toutes les deux, dans une petite pièce, sans fenêtre, ni porte, inaccessible, où elles seraient enfin à l'abri de ce monde extérieur, ce monde immonde qui l'avait changé.
«  Pour que plus personne ne puisse t'approcher, te parler, te changer...mon précieux trésor. »
Elle ne pouvait accepter de la retrouver à chaque fois changée, différente, quelqu'un d'inconnue, enrichie par l'expérience, enrichie par ses rapports aux autres.... NON elle ne pouvait définitivement pas l'accepter, elle voudrait qu'elle ne puisse se voir qu'à travers ses yeux, elle voudrais être la seule à pouvoir la faire changer.

La réponse, cruelle, lui apparut.
Elle ne la laisserait plus partir, pour que quelqu'un de différent lui revienne, si la personne qu'elle était , la seule Aymerie qu'elle connaisse, devait mourir elle préférait encore que sa le soit de sa main. Ses mains enserrèrent son propre cou, qui frissonna, surprit par ce contact.

« Je poserai mes mains sur ton chétif cou, si fragile, si pâle, déjà livide ..... Les larmes coulant de tes yeux ne l'arrêteront pas, tu seras sienne, pour l'éternité... Du blanc au bleu, entre MES mains, tu passeras, enfin de te débattre tu arrêtera. » Tout en murmurant ces doux mots au ténèbres qui emplissait sa chambre, elle resserra l'étreinte de ses mains sur son cou, imaginant que c'était celui de sa chére Aymerie, visualisant, non sans plaisir, la scène. Un sourire, vint s'inscrire sur son visage, déchirant ses douces lèvres. Tel un enfant à Noël, elle serait ravie de recevoir ce jouet, tant attendu.

« Quelques jours passeront et tu commenceras déjà à te flétrir. Ma belle fleur se fane. Que faire, moi qui voulais tant te garder, éternellement... T'absorber, je devrais. Je boirais la moindre goutte de ton sang, sucerais ta moelle, dévorerais ta chaire, Je nous sauverais, même les limbes du temps ne pourront t'arracher à moi, je te l'ai dis non, sa sera pour l'éternité.... »

Résolu, elle se releva. Elle avait retrouvée la force qu'elle croyait perdue. Sur ces jambes encore tremblantes, elle se traîna jusqu'à la porte de chez elle, qu'elle ouvrit d'un mouvement, brusque, avant de se jetée dehors. Possédée par ce démon, face auquel elle était impuissante, elle était prise d'un regain d'énergie. A toute enjambée, dans une course effrénée, elle se dirigeait vers son beau trésor.
Arrivée devant chez ELLE, un triste spectacle l'attendait. Sa belle fleur discutait joyeusement avec quelques amis, elle semblait même particulièrement proche de l'un d'eux en particulier. Elle ne l'avait jamais vu comme sa: elle... rayonnait, inondant tout ceux qui l'entourait d'un sourire éclatant, merveilleux, inconnue...! Soudain il se pencha sur elle et..... l'embrassa. Cette vision la terrassa. Et ce qui suivit la glaça encore plus, SA belle étoile adressa à cet énervant énergumène, qui avait osé poser sur ses douces lèvres sa répugnante ventouse, un magnifique sourire, dans la fibre du précédent, un sourire qu'à ELLE, elle n'avait jamais adressé. Elle sentit cette force retrouvée la quitter à nouveau. Stoppée dans son élan par cette douleur, qu'elle connaissait si bien maintenant, qui reprenait ses droits. Elle se cacha derrière un mur, là où elle ne pourrait la voir, loin du regard éclatant de sa bien aimée. Hahh ce qu'elle semblait heureuse en SA présence, plus qu'elle ne l'avait jamais paru en la sienne. Elle fit demie-tour, reprenant le chemin de son triste appartement, de cette terre d'agonie, dégouttée par ce qu'elle avait vu. Elle ouvrit de nouveau, non sans difficulté, cette porte, qui paraissait maintenant si lourde. Et elle se traîna jusqu'à ce lit, terrible prison, qui l'avait attendu patiemment pendant ces furtifs instants de liberté, attendant son heure. Il savait qu'elle reviendrait vers lui, elle était sa chose, elle lui appartenait, elle n'avait nulle part ailleurs où ailler, nulle autre refuge, elle était déjà toute à lui.

Elle s'effondra sur ce drap, taché de rouge, encore humide de ses larmes. La vue de ces taches, preuves de sa faiblesse, attisait encore plus la haine qu'elle éprouvait pour elle même, elle se dégouttait tant, faible créature qu'elle était. Ces retrouvailles l'avait mise face à elle même, elle ne pouvait plus faire semblant, se fuir, elle se voyait désormais clairement. Elle se redressa, elle avait envie de vomir, elle sentait des reflux, remontés dans sa gorge. Laide, elle était si laide. Elle ne put se retenir plus longtemps, une flaque de vomit vint s'ajouter aux autres tâches qui ornaient déjà son fin drap de soie. Elle dégueulait sa haine du monde, sa haine d'elle même, sa haine de vivre. Chose abjecte qu'elle était. Épuisée, elle se laissa tombée, à nouveau. Elle baignait dans un mélange de vomi, de sang et de larme. Dans cette puanteur infecte qui venait de ses entrailles, elle se vidait du peu d'espoir qui lui resté encore, elle s'offrait aux ténèbres. Elle ne désirait plus qu'une chose, qu'on la libérée de CES voix qui continuaient à la hanter, de CETTE voix, si douce et si tendre qui l'habitait encore, Aymerie.... Soudain, elle sentit un souffle glacial lui caresser la nuque. Sa prière avait t-elle été exaucée, était t-elle revenue vers elle, dans un dernier effort elle souleva la tête. Déception, ce n'était que le vent, pervers vent qui s'amusait ainsi à la torturer, la fenêtre était restée ouverte, elle avait oublié de la refermer.. Il faisait déjà nuit dehors, les ténèbres n'avaient pas envahit que son coeur. Cette nuit, il n'y avait pas de lune, ni pour EUX, ni pour elle. Elle se traîna jusqu'à cette fenêtre, qui lui avait, cruellement, prie la dernière once d'espoir qui subsistait encore en elle. Elle caressa tendrement ces doux rideaux, noir, fin comme ses cheveux, ses maudit cheveux qu'elle aurait voulu sien, Hahh. Tu as raison, chuchota t-elle tout en regardant tendrement ces rideaux, sa ne sert plus à rien d'espérer... Elle embrassa, longuement, ce doux tissu et dans un ultime effort s'élança par la fenêtre. Dans un dernier soupir, elle cracha ces quelques mots, les derniers: « Au revoir...ma précieuse Aymerie »

Le silence envahit de nouveau cette pièce, encore empreinte de son odeur, l'odeur de ses entrailles.
Les rideaux, eux, continuaient de se balancer, nonchalamment, au rythme que leur imposait le vent glacial de ce mois de Février.


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